à décortiquer leur fonctionnement. A mon sens, il est nécessaire de comprendre ses émotions pour les apprivoiser.
Mes réflexions m'ont amenés à identifier 3 types d'amour (chimique, mécanique, rationnel)
Je trouve que l'amour relationnel, que l'on a avec les personnes que l'on côtoie, et encore davantage avec nos partenaires, a un lien très étroit avec l'amour dans le trading. C'est pourquoi je vais expliciter ces 3 concepts à travers le prisme relationnel, pour permettre une meilleur identification et donc compréhension. Puis, dans un second temps, dresser les liens avec le trading.
1) L'amour chimique, les débuts idylliques.
Cet amour est lié à notre chimie interne. C’est le premier amour que l’on ressent, le plus éphémère.
Quand on flirt, on se met en danger, on sort de sa zone de confort et cela déclenche de puissant shot d’adrénaline. Le premier baiser est le plus intense, on a le cœur qui bat tellement fort qu’on a l’impression qu’il va sortir de notre poitrine.
Puis, quand on a une relation intime avec une nouvelle personne, on est inondé d’endorphine. On redécouvre chaque position comme si c’était la première fois, et notre libido est à son paroxysme.
Enfin, quand on apprends à découvrir cette nouvelle personne, notre corps est bombardé de dopamine, notre curiosité étant assouvie.
C’est pour cela que les débuts de relation sont aussi féerique. On est shooté, littéralement, nous donnant l’impression que tout est parfait.
Puis, à mon sens, avec le temps, l’amour chimique laisse place à l’amour mécanique.
2) L’amour mécanique, le début d'un réel investissement personnel
Cet amour est lié à notre investissement. Cela peut paraître étrange, mais plus l’on va s’investir, plus l’on va être amoureux. Cela s’explique parce que l’on va rationaliser notre investissement. On peut faire le parallèle avec la dissonance cognitive. Si on s’investit davantage avec une personne qu’avec une autre, c’est que cette personne est particulière.
Les parents s'investissent énormément pour leur enfant, ils donnent plus qu’ils ne reçoivent, leur investissement est important. A l’inverse, les enfants reçoivent davantage qu’ils ne donnent, leurs investissement est par conséquent faible. C’est pour cela qu’à mon sens, l’amour mécanique que vont ressentir les parents pour leurs enfants sera plus important que ces derniers pour leurs parents.
Enfin, c’est après être passé par ces deux première phases amoureuses que la dernière forme d’amour peut apparaître, l’amour rationnel.
3) L’amour rationnel, la recherche d'harmonie
Pour moi, c’est la forme ultime d’amour, où les deux sujets sont en parfaite harmonie. Cet amour se construit et n’a rien à voir avec le phénomène de “Deus Ex Machina”, il ne sort pas de nul part, au contraire de l’amour chimique. Il dépend de nous. C’est par le travail, la remise en cause, l’acceptation de soi et donc des autres, que l’on peut y parvenir.
Cet amour est donc difficilement atteignable, mais c’est la forme la plus aboutie, qui permettra la plus grande satisfaction.
On peut prendre l’exemple de couple marié pendant des décennies. Chaque couple aura son secret de la réussite, pour certain ce sera le sexe, d’autre la communication, la complicité, etc. Il est évident que le point commun sera le compromis, impliquant un effort mutuel.
4) Lien avec le trading
Chaque trader passe par ces 3 formes d’amour.
Au début, on ressent un amour chimique avec le trading. Avec les prises de positions, et le stress que cela génère, cela déclenche un puissant shot d’adrénaline. Si le trade se termine bien, c’est la dopamine qui jouera le rôle de récompense supplémentaire. Enfin, en constatant que la journée est verte, c’est l’endorphine qui accompagnera la satisfaction du travail bien fait.
Ces hormones ont un rôle prépondérant dans le déclenchement de l’addiction. Or, la caractéristique perverse de l’addiction est qu’il est toujours nécessaire d’avoir une dose supplémentaire pour ressentir une sensation équivalente.
Ainsi, cela va intrinsèquement s’accompagner par une prise de risque supplémentaire, pour ressentir les sensations euphorisante des débuts. La taille de position devra être plus importante pour que cela nous stress suffisamment pour avoir le shot d’adrénaline. Les gains auront besoin d’être plus conséquent déclencher un afflux de dopamine et d’endorphine, ce qui incitera là aussi à prendre davantage de risque.
Et c’est là ou l’amour peut se transformer en haine. En haine du trading mais surtout en haine de soi.
Cette augmentation des risques va vraisemblablement être à l’origine de perte de plus en plus importante et de perte de contrôle sur soi-même. Cette étape est extrêmement souffrante.
Cela se traduit par des débuts prometteurs, avec des gains monétaires. Puis une descente en enfer, où les pertes s’accumulent.
Il y a alors deux portes de sorties. D’abord, l’abandon pure et simple du trading. Ce dernier étant synonyme de souffrance, et tout le monde n’étant pas forcément fait pour ce métier, c’est une décision qui peut s’avérer sage.
L’autre option vient d’une prise de conscience. La goutte de souffrance supplémentaire vient faire déborder le vase de notre résilience.
On entame alors le processus amenant à l’amour mécanique.
On remet tout en question, on repart sur de bonne bases et l’on se cherche, on cherche sa méthode. Cela va alors impliquer une recherche sérieuse de la compréhension des marchés. On arrête de jouer, on travaille.
Et en s’investissant, en établissant un Money Management sérieux, en travaillant sa méthode, en analysant les récurrences à travers un travail des cartes, en s’analysant profondément, on commence à découvrir un plaisir nouveau. On se rend alors compte de la beauté et l’étendue du trading, du contrôle de soi.
Cela se traduit par une phase de neutralité. On perd toujours, mais on commence aussi à gagner, et l’un dans l’autre, on s’en sort plus ou moins flat.
Cette phase peut prendre des mois voire des années. Cela nécessite une grande persévérance et une grande résilience pour entamer la dernière phase, que peu de traders arrivent à atteindre, l’amour rationnel.
On entre ainsi dans la phase rentabilité. Et là, l’idée est que l’on va être dans une recherche permanente d’optimisation. Cela va permettre d'approfondir notre connaissance de soi et de créer une complicité, entrer en harmonie avec son trading, sa méthode.
Benoist est sans aucun doute un exemple parlant. Grâce à son expérience des marchés, il est capable au petit-déjeuner (durant le GMT) de savoir si cela copine le Nasdaq a bien dormi et si elle est déprimée ou euphorique.
5 - Digression philosophique
A mon sens, la plupart des gens recherchent l’amour chimique, que ce soit au niveau relationnel, aussi bien qu’en trading.
L’amour chimique est intense et facile car elle ne nécessite peu voire pas d’efforts. Mais c’est, à mon sens, une recherche vaine et contre productive.
Cet amour est par définition éphémère, et ne dépend pas de nous. La recherche de montée hormonale euphorisante s’accompagne par ailleurs forcément de descente souffrante.
Si l’on enchaîne les rencontres en ne cherchant pas à s’investir, on peut ressentir un sentiment de satisfaction sur le moment, avant que notre solitude ne revienne à la charge.
A l’opposée, en faisant l’effort de s’investir, on commence à apprécier les nuances que nous réserve l’amour et avec de la persévérance, atteindre l’harmonie de l’amour rationnel.
Pour faire une analogie, on peut s’enivrer avec de la villageoise, si notre but final est de se saouler. Et même si l’on peut en tirer un bénéfice immédiat, la g**le de bois du lendemain viendra contrebalancer plus que proportionnellement. Mais si on s’investit dans l’Oenologie, on pourra commencer à apprécier des vins de meilleurs qualités et, in fine, toute les subtilités et nuances que peut réserver la dégustation d’un vin de grand cru.