Nouvelle journée, nouveau sens !
Certaines plantes seraient plus sensibles au toucher que nous autres humains (jusqu’à 10 fois plus pour le concombre anguleux, capable de sentir un filament pesant à peine 0.25 grammes). Voyons voir de quoi il en retourne :
////////////////////////////// Le toucher //////////////////////////////
/// Le cas étonnant du mimosa pudique et de la dionée
Certaines plantes ont une réaction directe au moindre effleurement. Regardez ce qu’il se passe quand on touche une feuille de mimosa pudica (ou la bien nommée « sensitive ») : ses feuilles se replient effectivement au moindre contact ! (l'image n'est pas accélérée)
Plus connue, la dionée « attrape-mouche » sait aussi se refermer sur un insecte ou un petit animal pour en faire son repas. Surtout, elle distingue un simple effleurement de la présence d’une vraie proie en son sein grâce à ses cils tactiles… (son piège se referme en un dixième de seconde, à la seule condition qu’il y ait bien eu une double stimulation de poils sensitifs dans un laps de temps défini)
>>>>>> Pour ceux qui veulent, je vous résume simplement et rapidement le mécanisme de la thigmonastie (pour effectuer un mouvement sans muscle) dans le spoiler au bas de cette ouverture + une vidéo où on voit mieux la réaction du mimosa pudica au toucher !
/// Ne touchez pas trop souvent vos plantes, il est probable qu’elles n’apprécient pas !
Si la réaction du mimosa pudica est très parlante pour illustrer la capacité d’une plante à sentir qu’on la touche, la plupart des végétaux n’ont pas une réaction aussi visible. Pour autant, cela ne signifie pas qu’ils ne possèdent pas ce sens aiguisé.
Pour preuve, il existe des études à ce sujet. Des scientifiques ont par exemple mené l’enquête avec des plantes comme l’Arabette des dames, qu’ils ont stimulé en les caressant avec un pinceau pour analyser leur réponse à ce stimuli :
« Le moindre effleurement de la part d’un humain, d’un animal, d’un insecte ou même d’autres plantes bousculées par le vent déclenche une énorme réponse génétique dans la plante. […] En trente minutes, 10% du génome de la plante est altéré. » rend compte Jim Whelan.
En répétant ces stimuli, l’équipe se rend même compte que cela suffisait à diminuer de 30% le taux de croissance de ladite plante par rapport aux autres ! Et cela peut en fait se comprendre, car comme les plantes ne peuvent se déplacer en cas de menace, elles utilisent beaucoup d’énergie pour se protéger autrement, énergie qui n’est donc plus dépensée pour croître.
Pour d’autres l’issue est plus tragique « Nous fûmes confrontés à la remarquable découverte qu’il est possible de tuer une feuille de lampourde rien qu’en la touchant quelques secondes chaque jour ! » déclarait Salisbury.
/// Les végétaux ne font pas que « ressentir » le toucher, ils s’y adaptent
Diverses études ont permis aujourd’hui de prouver que les arbres sont capables de distinguer différentes impulsions d’air et de s’adapter en conséquence. Ainsi, un arbre saura anticiper une tempête en percevant parfaitement le vent, son intensité, et son caractère inhabituel. « Un arbre qui va se trouver confronté à un vent inhabituel va réduire sa croissance en hauteur et augmenter sa croissance en diamètre et faire plus de racines », explique Bruno Moulia. De façon que l’arbre puisse s’adapter et survivre à son environnement bien sûr.
Dans la canopée, le phénomène de « timidité des cimes » est également bien connu : les arbres savent arrêter leur croissance pour éviter de toucher les autres arbres et ainsi venir en concurrence. L’hypothèse de la réaction au toucher des feuilles déclenchant par la suite des signaux chimiques transmis par les racines, dans le sol, semble se confirmer grâce à une étude suédoise sur de jeunes plants de maïs :
Là encore, les scientifiques ont stimulé certains plants en les effleurant régulièrement au pinceau, puis ont récupéré les molécules sécrétées par les racines. Ils ont ensuite introduit ces molécules dans une solution de croissance au niveau de jeunes plants qui venaient de germer, la racine principale de ces plants a su faire la différence en préférant pousser dans la solution de plantes qui n’avaient pas été touchées.
Etant dépourvus de cerveau, les réactions que les végétaux peuvent mettre en place face à un stimuli ne leur servent pas à éviter ou contrer la douleur, qu’ils ne ressentent a priori pas, mais à moduler leur développement pour s’adapter au mieux leur environnement ambiant.
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Pour ceux que cela intéresse, vous trouverez ci-dessous le mécanisme qui permet aux plantes, comme le mimosa pudica ou la dionée, d’opérer ce mouvement rapide avec leurs feuilles, bien que n’ayant pas de « muscles » pour cela : la thigmonastie.
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Le calendrier économique du jour :