Bourse : les traders américains submergés d’appels de clients paniqués
Les Echos - Le 16/10 à 18:08
Alors que les marchés chutent, les gestionnaires de fonds et les traders croulent sous les appels et les e-mails de clients très inquiets. Certains souhaitent vendre tout leur portefeuille.
Rien de tel que la boite vocale d’un trader pour observer la panique boursière « de l’intérieur ». Car derrière la chute des marchés boursiers , il y a des investisseurs très inquiets qui veulent limiter la casse. Résultat, les traders et les gestionnaires de fonds sont submergés d’appels de clients. Beaucoup veulent savoir ce qui se passe, d’autres veulent déplacer des fonds, par prudence, les derniers veulent prendre des profits, quand il en reste, de peur que la chute ne s’aggrave. Le Wall Street Journal a ainsi recueilli plusieurs témoignages de traders américains qui ont reçu de plein fouet cette vague d’inquiétude.
« Une peur réelle »
L’emballement a commencé mercredi, et s’est poursuivi jeudi. Il ne s’est pas limité à la zone euro. Aux Etats-Unis, le recul de Wall Street a affolé - le Dow Jones a chuté de plus de 2,80 % en séance mercredi. John Cannaly, chef stratégiste à LPL Financial, l’un des plus gros courtiers américains, explique au quotidien des affaires américain : « Ce qui se passe, c’est que les clients appellent au bureau de leur conseiller en disant « Je n’arrête pas d’entendre dire qu’il y a des variations à trois chiffres sur le Dow Jones, qu’est-ce que ça veut dire ? ».
Pour Ryan Wibberley, directeur de CIC Wealth, « on voit maintenant une peur réelle dans le marché ». D’après-lui, elle s’est propagée à beaucoup de ses clients. Il confie que l’un d’eux, qui n’appelle jamais et n’envoie pas non plus d’emails, a rompu son silence habituel pour demander à vendre l’intégralité de son portefeuille. Un autre client aurait écrit dans un e-mail : «sérieusement....je ne vais pas attendre bêtement une perte de 15 à 20 % ».
«J’ai littéralement perdu le fil de mes emails » a pour sa part confié Ron Desautels, un gestionnaire de portefeuille chez Babson Capital. « Les jours comme celui-ci, on essaye juste de rester rationnel... de ne pas se laisser emporter, de ne pas acheter cher pour revendre à bas prix ». Mercredi, le volume de titres échangés a atteint son plus haut en presque trois ans et la valeurs des obligations échangées a atteint son plus haut en plus de dix ans.
« On était tous le pont pour s’assurer que nous passions bien les transactions », a expliqué Russ Certo, responsable de la gestion taux chez Brean Capital LLC à New York . « Nous n’avons pas pu finir la majorité des conversations, beaucoup de communications ont été interrompues ».
Un emballement plus inquiétant que d’habitude
Pourtant, les entreprises de gestion d’actifs avaient tenté de prévenir cet emballement lors des jours précédents, en communiquant auprès de leurs clients pour les rassurer à propos de la volatilité des marchés. Mardi après midi, 2000 conseillers de Bank of American Merrill Lynch auraient participé à un « conference call » géant pour parler des récentes évolutions du marché, a indiqué au Wall Street Journal Ashvin Chhabra, directeur des investissements de Merrill Lynch Wealth Management. Mardi soir, la banque aurait envoyé un courrier à ses 14.000 conseillers ayant pour objet « faire face au défi de la turbulence des marchés ».
Mais beaucoup de gestionnaires interrogés ont expliqué que malgré les deux semaines récentes de volatilité des marchés, cette-fois ci semblait avoir pris une tournure différente. « C’est un retrait plus gros qu’habituel et nous ne voulons pas que les gens prennent de mauvaises décisions basées sur la peur et la panique », a mis en garde Ashvin Chhabra.