Swing : je souhaite trouver les mots pour te convaincre de le lire absolument, sans pour autant placer la barre trop haut. Je m'en voudrais que tu te dise alors "ce n'est que ça", car je pense qu'il faut l'aborder sans a priori, avec la curiosité qui était la mienne en trouvant le titre sympa dans la petite bibliothèque qui m'était alors disponible. Mais vraiment, lit le et viens me donner ton sentiment.
Zeblob : je ne sais pas si je peux parler d'"illumination" comme l'auteur, mais cela transforme considérablement mon quotidien en profondeur, sans rien changer de notable en surface. Bluffant.
chad a écrit :et Swing c'est facile à dire de profiter de l'instant
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mais des fois l'instant est degueulas*e et meme quand il est bien c'est dur souvent de faire abstraction des problemes sous-jacents qui nous bouffent la vie.
La grande force de Tolle est d'avoir senti la force du concept philosophique du "Carpe Diem" de la pièce antique d'Horace (qu'il ne mentionne pas), ou pour moi du film "Le cercle des poètes disparus", dans la pire période de sa vie (crises d'angoisse, dépression).
En fait, plus la situation est moche, plus le moment présent est essentiel à saisir. 2 exemples extrêmes purement tirés de mon imagination.
1/ extrême bas : la tartine tombe côté confiture.
C'est bête, mais c'est extrêmement rageant, car non seulement elle est salle et immangeable, mais en plus il y en a partout et il faut nettoyer. En fait, si je suis focalisé sur l'instant même, est-ce si terrible ? Je fais le ménage à chaque repas sur la table, là c'est par terre, la surface à nettoyer est minime, j'ai encore du pain, encore de la confiture, rien dans mon existence n'a véritablement changé. Ce qui me met en colère est que je dois "réparer" puis "refaire", bref, ce que je fait tout le temps mais avec un sentiment de gâchi... qui n'a de sens que par rapport au passé (je l'ai déjà fait) et au futur (il va me falloir le refaire). Au présent, cela ne doit pas m'affecter ni me mettre en colère. Voire même, c'est marrant, cela fait de drôles de dessins sur le sol, ça distrait ma routine, etc.
2/ extrême haut : la perte d'un ami, d'un parent, d'un conjoint, d'un enfant (je ne pense à rien de pire, même si j'ai la chance de ne pas l'avoir vécu, si vous avez une idée pire encore le principe sera le même...)
Là c'est du lourd. Et du spéculatif (pour ma part) car je parle heureusement de ce que je ne connais pas (pour les derniers) et souhaite ardemment ne jamais connaître. Je doute que quiconque affronte ça "en paix".
Pour autant, selon ce que je tire de ma lecture de Tolle, "faire face" à la situation serait le plus supportable. Pourquoi ? Parce que dans le présent, le deuil n'existe plus : le deuil est une douleur liée au passé (tous ces moments partagés) et à l'avenir (tous ces moments que nous n'auront plus) et non au présent.
Au présent, je suis toujours le même, et bien que ma perception soit dévastée ("Un seul être vous manque et tout est dépeuplé" dit Lamartine), mon environnement n'est pas aussi différent que ce que mon chagrin me porte à croire : la terre n'est pas dépeuplée, c'est mon univers affectif qui est meurtri.
Accepter cette douleur, c'est l'objet même du deuil, qui est ressenti au final comme une libération par ceux qui en racontent l'issue : après un temps très variable, la "sortie" du deuil est une délivrance, un retour au présent, un abandon des peines derrière soit. Si l'on regarde le deuil d'un autre sans y être mêlé affectivement, on comprend qu'il est souhaitable que cet autre "tourne la page", quelle que soit la profondeur de sa douleur.
3/ extrême haut bis : le pronostic "réservé" des médecins (pour soi, pour un proche...)
Là encore, c'est moche, et dur, et tout ce qu'on veut. Mais là encore, au présent il ne s'agit que d'une information : c'est le refus de cette information, notre lutte pour la rejeter qui est violente, notre angoisse pour le futur deuil probable qui nous paralyse. Au présent, c'est une hypothèse, et finalement une hypothèse logique : on va tous mourir, c'est toujours une question de temps. Savoir que ça va arriver plus vite est insupportable parce que nous avons une notion du futur. Au présent, rien n'a changé, et se morfondre est humain mais lié à notre difficulté à nous centrer sur le moment présent.
...
Voilà ce que m'inspire Tolle, et que je vous souhaite de trouver en son bouquin : l'idée que les "bons" moment sont à savourer, et les "mauvais" moment à vivre tels qu'ils sont. Tout au plus des vagues sur l'océan de notre existence (j'aime cette image) qu'il faut vouloir profonde et emplie de sérénité plutôt que superficielle et agitée par nos casseroles passées et nos angoisses ou espoirs futurs.
Evidemment, j'ai l'impression que c'est plus facile à aborder dans une période qui est objectivement "facile" (où tout va bien), mais ce n'est même pas sûr : encore une fois, Tolle a pour sa part ressenti la force positive du moment présent au pire de sa dépression... Et il invite à utiliser chaque moment ressenti comme négatif comme une opportunité à se recentrer au présent : pour ma part, je trouve cela extrêmement efficace et porteur. Et je suis très curieux d'avoir vos impression sur le sujet (après lecture du livre, car mes propos n'en sont qu'une réinterprétation toute personnelle).