Bonjour,
Ce reportage m'a également interpellé et je me suis aussi interrogé sur cette notion de propriété commune, déployée à une échelle hors du commun par BlackRock, et en quoi cela présente t'il des atouts majeurs ? Car nul doute qu'une telle puissance, tant financière qu'intellectuelle, ne soit avisée dans ses choix stratégiques.
La question a été débattue dans la file de savoir si la concurrence est génératrice de valeur ou au contraire si elle est destructrice.
Il me semble utile peut être de préciser que cette notion de concurrence est elle même à géométrie extrêmement variable et complexe. A l'échelle du boulanger qui ne vend que des baguettes et croissants sur un territoire réduit, elle peut paraître simple. Or cette image, qui a l'avantage de l'accessibilité, est malheureusement réductrice car de fait les entreprises dont BlackRock est actionnaire mènent des activités considérablement plus nombreuses, diversifiées et sur des territoires internationaux.
Ainsi à cette échelle d'entreprise, les relations inter-entreprises/groupes sont de multiples natures, et complexes. On peut simultanément être client, fournisseur, concurrent, financier,partenaire etc... au sein de divisions différentes, voire au sein de la même division. Et il n'y a quasiment jamais deux entreprises internationales ayant le même spectre de produits, de clients et marchés, de technologies...
On trouvera toujours quelques exemples illustrant la création ou la destruction de valeur sur un segment spécifique. Toutefois en globalité, il y a aujourd'hui
Consensus de la plupart des économistes pour soutenir que la concurrence est facteur de progrès global.
Et ceci ne peut se calculer uniquement par la somme des
EBITDA (en gros, les profits avant impot) dans un secteur d'activité sur une année.
Mais admettons que cela soit même un jeu à somme nulle, les profits de A glissent vers B, et la somme des deux ne se développerait pas, voire diminuerait (ce qui pour moi est faux, car il faut introduire la notion d'innovation et donc création de nouveaux marchés et valeurs, stimulée par la pression concurrentielle).
Quand bien même dans cette hypothèse négative, quels seraient alors les bénéfices de la 'propriété commune' pour BlackRock ? (être au capital de 17 000 entreprises, le plus souvent multinationales et présentant de multiples 'entrelacements' )
- Capter l'ensemble de la valeur sur une chaîne de valeur ajoutée
Pour mémoire une chaîne de valeur, est la transformation en étapes successives d'un bien en un autre, par exemple depuis l'exploration pétrolière, l'extraction du précieux liquide, son raffinage, la pétrochimie créatrice de sous-produits/molécules, l'utilisation pour la création de médicaments (ou du mobilier de jardin en plastique etc), la fabrication et la distribution.
Dans toute chaîne la valeur n'est pas uniformément répartie et l'amélioration de certains maillons peut amener l'ensemble de la chaîne à dégager plus de valeur. Par exemple, un nouveau procédé de synthèse d'une molécule dorénavant plus compétitive permet d'enclencher une cascade d'innovations en aval de la chaîne.
Le débat sur l'intégration verticale (on maîtrise toute la chaîne) qui Futures tentée au sein de mêmes entreprises a fait rage autrefois et de façon générale ce type de modèles a souvent été abandonné, trop lourd et handicapé par de pseudo-relations client-fournisseurs. Toutefois il s'agissait d'intégration au sein de la même entreprise. Je ne sais s'il y a aujourd'hui des chercheurs travaillant sur ces modèles plus souples d'intégration par propriété commune.
- L'accès à une compréhension unique des marchés et du monde
Il y a en filigrane de ce reportage une question fascinante. Que se passe t'il lorsque l'on a accès aux secrets, aux connaissances de 17 000 entreprises multinationales agissant dans tous les domaines d'activités et sur l'ensemble de la planète ?
L'énergie, la santé, les biotechs, les fintechs, l'assurance, l'électronique grand public et militaire etc etc etc
On entre ici dans un domaine vierge ! Terra incognita
On a potentiellement accès à des millions d'informateurs, on synthétise l'information de centaines de milliers d'experts partout et sur tout...
Quel est l'état de la recherche en diabétologie, les perspectives de marché, les innovations attendues dans 10 ans, les potentialités disruptives, leurs origines probables etc et ceci sur quasiment TOUS les sujets.
La question suivante qui émerge alors spontanément est 'que faire de cette masse d'informations et connaissances unique dans l'histoire humaine? ' et 'quelle est la valeur de ceci ?'
C'est alors que les calculs court-termistes de cumul d'
EBITDA s'effacent.
En effet il y a ici une p.tain de méga-valeur, une goodwill incommensurable...
- Entre autres, l'une de ses applications est de détecter les poches de croissance
Cette connaissance permet d'identifier bien en amont, avant le marché, les secteurs porteurs de croissance, ceux où il faut investir pour capter les futures sur-performances, les pépites de demain.
Il n'est pas du tout certain qu'
apple réalisera la même croissance boursière dans les 10 prochaines années que lors de la décennie précédente. En revanche ils connaissent bien en amont les pépites, les tendances... y compris celles où ils ne peuvent eux même se placer. Et le capital, lui, peut être très mobile et saisir rapidement les opportunités...
Voilà ce qui m'a personnellement interpellé dans ce reportage, et dans ce contexte la présence de l'IA Aladin est plus qu'évidente, elle absorbe et se nourrit d'un flux surhumain d'information (qui aurait fait pâlir d'envie l'organisation naguère dédiée à ce sujet dans l'empire du
marteau et de la faucille).