Et, surtout, le vent a tourné outre-Atlantique. L’heure n’est plus au credo libéral de l’ère Reagan. La pandémie a marqué le grand retour de l’Etat fédéral. Derrière l’immense pari keynésien de Joe Biden, les lignes de la réflexion économique sont en train de bouger. La théorie du « ruissellement » chère à Donald Trump, en vertu de laquelle les cadeaux aux plus riches profitent à tous par ricochet, n’a plus le vent en poupe : Joe Biden veut, entre autres, relever l’impôt sur les sociétés de 21 % à 28 %. De même, la théorie qui veut qu’une économie poussée jusqu’à la surchauffe voie les prix flamber ne fait plus reculer les responsables politiques. Ces plans massifs vont permettre aux Etats-Unis de soumettre cette doctrine à un test grandeur nature.
En réalité, la révolution est ailleurs : les classes populaires et moyennes sont remises au cœur des préoccupations publiques. Ce sont elles qui, depuis vingt ans, ont subi les conséquences de la désindustrialisation et de l’automatisation des emplois. Donald Trump a voulu répondre à leur détresse par le Protectionnisme. Joe Biden, lui, met à profit l’urgence résultant des dégâts de la pandémie de Covid-19 pour tisser les filets de protection sociale qui font défaut à son pays.
https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/04/03/le-pari-de-joe-biden-pour-transformer-les-etats-unis_6075474_3232.html