Aujourd'hui, place au « deuxième » T. E. Lawrence.
En mission archéologique sur le site de Karkemish en Syrie du Nord, Thomas Edward Lawrence se passionne également pour la culture et le mode de vie des peuples qu'il côtoie.
S'initiant à la langue arabe qu'il maîtrise rapidement, il parlait également le français, l'allemand, le latin, le grec et le turc, il gère au mieux les employés du chantier recrutés dans la population locale.
En outre, Karkemish était à proximité du tracé du BBB voie ferrée de Berlin à Bagdad et Bassorah, et les relevés archéologiques pouvaient revêtir à l'occasion un intérêt réel pour les militaires.
Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Lawrence rejoint la section géographique de l'état-major général, où il est employé comme cartographe, rédigeant notamment un rapport sur les routes traversant le désert du Sinaï.
Au début de l'année 1914, Lawrence et un collègue furent chargés par l'armée britannique de réaliser des relevés militaires dans le Néguev sous couvert de fouilles. Cette région désertique revêtait une importance stratégique en cas d'attaque ottomane contre la zone du canal de Suez et l'Égypte.
De géographe à agent de liaison
La situation au Moyen-Orient est extrêmement complexe : en théorie, l'Empire ottoman y exerce sa souveraineté de l'Anatolie à l'Égypte, et de la Méditerranée au golfe Persique mais les Britanniques sont très présents également, car plusieurs routes vers l'empire des Indes, le joyau de la Couronne, traversent le Moyen-Orient.
La plus importante route passe par l'isthme de Suez, percé d'un canal en 1869. Une autre route passe par Chypre colonie britannique depuis 1878, puis la Mésopotamie et le golfe Persique. Le Golfe lui-même étant bordé de territoires sous influence britannique le long de la cote Perse.
Les Britanniques ont aussi des intérêts économiques dans toute la région : ils sont les premiers fournisseur et client de l'Empire turc, détiennent 13 % de sa dette extérieure, et ont investi dans des secteurs très divers, à commencer par la ligne du BBB.
La Turquie n'en rejoint pas moins l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie dans la guerre en octobre 1914. L'Empire ottoman va dès lors revêtir une importance particulière dans la stratégie britannique.
Devant l'enlisement des opérations sur le « front de l'Ouest » et les difficultés militaires des Russes en Europe orientale, Churchill, ministre de la Marine, conçoit un plan d'actions périphériques qui, portant la guerre contre les Turcs, obligerait les Puissances centrales à diviser leurs forces.
C'est, d'une part, le fiasco des Dardanelles mars-décembre 1915, et d'autre part, au Moyen-Orient, les opérations en Mésopotamie.
C'est aussi le projet, élaboré par le Bureau arabe du Foreign Office, de pousser à la révolte les populations arabes assujetties aux Ottomans, afin d'affaiblir l'effort de guerre de ces derniers.
A Damas, dans l’empire Ottoman la révolte gronde et des intellectuels arabes veulent affranchir le pays de l'autorité des Turcs. Le destin de Thomas Edward Lawrence va alors prendre un tournant décisif. Fervent soutien de cette Révolution en marche, il devient agent de liaison entre la Grande-Bretagne et les forces arabes.
Nous verrons demain le « troisième » T. E. Lawrence qui lui valut le nom de « Lawrence d'Arabie »