Cette file est une perle : la question me taraude et me paralyse, tant elle semble polémique.
Pour ma part, j'envisage le trading par nihilisme : je ne crois en aucun des arguments positifs avancés.
- Sur le fait de "participer à l'économie" (consommation / taxes) : un trader est improductif, il est donc par définition parasite, quel que soit ce qu'il redistribue.
- Sur le fait que ce soit le lot de bien des métiers : c'est malheureusement exact, et pour autant irrecevable comme argument : s'il y a toujours "pire", ou "aussi inutile", cela ne justifie pas le choix d'investir son argent, son intelligence et son temps dans cette activité. C'est un argument spécieux : on ne peut justifier l'activité de pickpocket au motif qu'il existe des assassins.
- Sur l'absence d'impact sur l'économie réelle : certes mes modestes économies ne me permettent pas de mettre à genou la banque d’Angleterre, mais l'ensemble des traders particuliers, pour beaucoup utilisant des leviers que s'interdisent les professionnels, doit pouvoir concurrencer en volume bien des institutions financières. L'ensemble des décisions individuelles, bien que "diluées" par leur dissensions (certains achètent quand d'autres vendent), a peut être bien plus de poids que ce que nous imaginons. Surtout, balayer notre impact au prétexte de celui, plus visible, des "
zinzins", revient encore à se justifier au motif qu'il y a pire que soit.
- Sur le fait de "voler au grand capital" de quoi assurer nos maigres subsistances : soyons modeste, c'est le contraire qui se produit dans 90% des cas. Et même pour les 10% qui restent, ce n'est pas tant sur le dos du grand capital qu'ils se nourrissent que sur le dos des petits qui leur confie leur épargne : les "gros"
Hedge Fund sont avant tout les plans retraites des "petits" épargnants... qui sont des traders sans (vouloir) le savoir
Et c'est là l'argument le plus "positif" en faveur du trading à mon sens : OK, je ne sers à rien, j'ai même probablement un (petit) effet négatif, mais je fais comme tout le monde, j'essaie simplement de survivre dans ce monde de brutes où l'argent n'est peut-être pas la seule valeur, mais est l'une des rares "choses" véritablement "valorisable" en espèce à l'infini.
Le savoir-faire, bien que monnayable, est limité dans l'espace (je n'ai que 2 bras) et le temps (les journées font toutes 24h). Le succès (sportif, artistique...) ne rapporte qu'à ceux qui sont sur le haut du podium. L'argent, lui, crée de l'argent à n'importe quel bon gestionnaire en proportion de son capital.
A côté de ça, un "vrai" métier est infiniment plus honorable à mes yeux, mais suppose de s’aliéner à un patron ou à des clients, voire des collègues, ce qui
- a
tendance à renforcer plus que nécessaire ma misanthropie.
- suppose de gagner une part limité du gâteau, dont la répartotoon est de plus en plus favorable à la finance.
Bref, le système est comme il est, je n'ai pas la conviction pour l'amender, tout juste la force de chercher à m'y maintenir en position (relativement) confortable, malgré l'arrière-goût anti-idéaliste que cela implique.