Tout d'abord avant de vous emmener au cinéma, un petit rappel :
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En effet pour finir cette semaine dédiée à Thomas Edward Lawrence, je souhaitais vous présenter le film Lawrence d’Arabie qui est considéré par beaucoup comme le meilleur film du réalisateur David Lean — à qui l’on doit Oliver Twist, Le Pont de la rivière Kwaï, Le Docteur Jivago et La Route des Indes.
Sorti en 1962 est considéré comme un des plus grands films de l'histoire du cinéma, récompensé de sept Oscars - dont Meilleur film et Meilleur réalisateur, cinq Golden Globes et cinq BAFTA en 1963. Il propulse immédiatement Omar Sharif et Peter O'Toole au statut de légendes du cinéma.
Réglé sur la majestueuse partition de Maurice Jarre, le film de 3h48 est un des derniers longs métrages tournés en Super Panavision 70mm.
Un tournage épique et laborieux
Le film, tourné à partir de mai 1961 et terminé en septembre 1962, est un des derniers films "à grand spectacle", typique des années 50. Sa durée excède les 3h30, il a pu compter sur des milliers de figurants mis à disposition par l'armée jordanienne, le sujet est dantesque, le tournage l'est tout autant.
Tourné en Espagne, en Jordanie et au Maroc, essentiellement en plein été, les prises de vue doivent être effectuées le matin, la chaleur de l'après-midi rendant les conditions de tournage impossibles. Peter O'Toole a subi un calvaire pour tourner les scènes à dos de chameau, l'animal étant infesté de puces et rendu brûlant par une température excédant les 50° Celsius, et l'acteur redescendant finalement de sa monture les cuisses ensanglantées.
Malgré ses ressemblances avec les films narratifs des années soixante, Lawrence d’Arabie a plus à voir avec les épopées essentiellement visuelles comme “2001, l’Odyssée de l’Espace” de Stanley Kubrick. C’est “un spectacle et une expérience du ressenti” comme le précise le réalisateur Steven Spielberg.
L’attrait du film repose en grande partie sur le peu de dialogues et l’amour du réalisateur pour la démesure du vide, du soleil se levant à travers le désert, des lignes complexes tracées par le vent.
David Lean a créé un personnage qui combinait le charisme et la folie. Si différent des héros militaires conventionnels qu’il pouvait inspirer les Arabes à le suivre dans cette folle marche à travers le désert.
“Chaque plan, chaque séance est un décor inoubliable, une expérience visuelle qui fait date dans l’histoire du cinéma ” ajoute Spielberg.
Un film sans aucune parole féminine
Ce n'est pas l'anecdote la plus glorieuse attachée à Lawrence d'Arabie, mais elle est symptomatique d'un Hollywood centré sur de fortes valeurs masculines, d'autant plus avec ce film dont le sujet et la période ne se prêtent pas à une forte représentation féminine. Mais tout de même, aucun rôle autre que figuratif n'est confié à une femme, si bien que si on peut en voir à l'écran, il n'y a strictement aucune voix féminine dans Lawrence d'Arabie.
Les sables mouvants : un trucage très dangereux
Plusieurs séquences de Lawrence d'Arabie sont mémorables, notamment la scène de la bataille de Damas et des scènes équestres de très grande échelle. Mais une des séquences qui a le plus marqué les esprits est la scène où Lawrence d'Arabie perd un compagnon dans des sables mouvants. Pour réaliser ce trucage, le chef-accessoiriste construit et enfouit une boîte en profondeur dans le sable, et s'y introduit pour tirer le jeune acteur par les pieds... Au risque que les deux hommes s'étouffent.
Ce film marqua très profondément David Lean
Je vis à travers un film que je ne peux pas vivre dans la vie » écrit David Lean en 1963. A l’instar de T.E. Lawrence, le désert lui a montré le but de sa vie par la seule présence de l’immensité déserte, offerte comme le lieu de l’origine et du recommencement. « Pour moi, écrivait-il en 1960, je sais que c’est une passion temporaire et qu’une fois le film fini, je n’y reviendrai pas comme je retourne en Extrême-Orient. » Mais le désert continua de le poursuivre à travers ce film, qu’il qualifiait d’œuvre de sa vie avant même le tournage. Comme Lawrence, il ne sut au sortir de cette expérience, et de son immense succès critique et commercial, où aller, qui devenir.
Pour ceux qui ne l'ont pas vu, je ne peux que vous inviter à regarder ce film culte.