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Matinale du jeudi 10 mars 2022
Les acheteurs se rebiffent
Par Anthony Bondain
L'appétit pour le risque a fait un retour remarqué hier sur des marchés actions qui traînaient leur spleen depuis plusieurs jours. Ce sont des signaux positifs, enfin relativement positifs, en provenance d'Ukraine qui ont inversé la tendance. Tout cela reste terriblement fragile, alors que se profilent aujourd'hui plusieurs événements importants, à la fois politiques (sommet de l'UE, rencontre diplomatique Russie-Ukraine) et économiques (réunion de la BCE, Inflation américaine).
Le yoyo continue… C'était mon titre d'hier matin. Disons que le bilan de la remontée du yoyo à la fin de la journée était assez déconcertant : +7,13% pour le CAC40 à la clôture. Et même près de 8% de gains pour le DAX. La théorie de l'élastique chère à mon expérimenté collègue Patrick Rejaunier eut été plus appropriée que mon image du yoyo. J'ai retrouvé un vieux fichier Excel dans lequel j'avais classé les journées de performances extrêmes du CAC40 depuis 1987. Eh bien figurez-vous que ce +7,13% n'est même pas dans le top 30 des séances les plus haussières de l'histoire. Si mon décompte embrumé du jour (il était beaucoup trop tôt) est exact, il y a eu 38 hausses de plus de 7,13% depuis 35 ans. Les deux dernières ne sont pas si anciennes, puisque l'une a eu lieu le 9 novembre 2020 (+7,57%) et l'autre le 24 mars 2020 (+8,39%).
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Le rebond technique couvait (souvenez-vous, les gens comme moi parlent de rebond technique quand ils n'ont pas de meilleure explication), mais il a pris de l'épaisseur en séance après des commentaires laissant penser que l'Ukraine était prête à adopter une position neutre vis-à-vis de l'OTAN, sous réserve de la préservation de son intégrité territoriale. En parallèle, des rumeurs se sont mises à circuler sur des velléités d'accroissement de la production de pétrole par les Emirats Arabes Unis, rumeurs qui ont fait chuter les cours du baril. Cette double détente guerre / pétrole a réveillé la libido des investisseurs, qui sont toujours pétris de FOMO, c’est-à-dire de l'angoisse de manquer le train en marche. Ou pétris de panurgisme, pour ceux qui sont plus rabelaisiens ou plus circonspects sur la flambée des actions hier.
Cette vive réaction aux bruits de couloirs confirme la nervosité des marchés financiers, qui en dépit du rebond assez exceptionnel de la veille restent très en-deçà de leur meilleurs niveaux de l'année sur les actions. Les fêlures de l'agression de l'Ukraine par la Russie sont durables et remodèlent considérablement les relations internationales, donc économiques, même si des progrès interviennent dans les jours qui viennent sur la résolution du conflit. Pendant que les ministres des affaires étrangères ukrainien et russe se retrouvent aujourd'hui en Turquie pour reprendre les discussions, les combats continuent sur le terrain. Et l'UE entame un sommet de deux jours dont l'objectif assumé est de repenser l'autonomie du vieux continent. Si l'on ajoute par-dessus une décision de la Banque centrale européenne sur sa Politique monétaire (à 13h45) et la publication de l'inflation des Etats-Unis en février (à 14h30), on se retrouve avec une journée bien remplie en événements de portée majeure. Notez que la BCE est attendue sur ses intentions en matière de taux dans le contexte actuel et sur l'éventuelle orchestration d'un programme d'investissement européen dans l'énergie et la défense. Quant à l'évolution des prix aux Etats-Unis le mois dernier, c'est un marqueur majeur de la Politique monétaire de la FED, qui se réunira la semaine prochaine.
Les indicateurs de nervosité du marché (vix et VDAX) sont toujours à haut niveau mais ont reculé par rapport à leurs pics récents. Les indicateurs avancés européens sont proches de l'équilibre avec un biais haussier, mais la volatilité reste forte, qui plus est après des gains tels que ceux de la veille, alors rien ne dit que la tendance de préouverture tiendra, ni que la teneur des premiers échanges sera durable. Pas de pronostic précis donc, même si je peux ajouter que les "futures" américains sont légèrement baissiers et que l'Asie progresse, avec des gains de 3,9% pour le Nikkei 225, de 1,1% pour l'ASX et de 0,7% pour le Hang Seng. L'indice de Hong Kong est peu en verve compte tenu de l'accélération des cas de coronavirus dans la Cité-Etat.
Les temps forts économiques du jour
C'est jour de réunion de la BCE, avec décision à 13h45 et conférence de presse à partir de 14h30. Aux Etats-Unis, place aux inscriptions hebdomadaires au chômage et à l'inflation de février (14h30).
L'euro remonte à 1,1057 USD. L'once d'or redescend à 1978 USD. Le pétrole a chuté hier, tout en restant haut perché, avec un Brent de Mer du Nord à 115 USD et un brut léger américain wti à 111 USD. Le rendement de la dette américaine remonte brutalement à 1,94% sur 10 ans, et le Bund prend 10 points à 0,22%. Le bitcoin retombe à 39 660 USD.