@Djobydjoba
Sur cette taille d'entreprise le DAF va confier la gestion de sa trésorerie à une ou plusieurs banques. Si c'est international, il y aura éventuellement ce que l'on appelle du cash pooling (le cash appartenant aux filiales est collecté pour une gestion centrale, mais il continue d'appartenir aux filiales). Si ta boîte de 1500 personnes est performante elle aura éventuellement quelques dizaines de millions en trésorerie à gérer et par exemple un profit avant impôt de 30 millions;
La règle d'or incontournable dans la très grande majorité des cas c'est zéro risque. Ca laisse peu de latitude...
Le DAF est un manager employé sous contrat de travail, il est licenciable comme quiconque en cas d'erreur.
Imaginons un cas simple, 30 millions de tréso et 30 millions de résultat par an.
Sur les 30 de tréso, une partie seulement est dispo pour du placement (il faut du cah flow pour payer les salaires, taxes, founisseurs etc), disons qu'il en reste 20 millions à placer et que pour raison interne l'ensemble doit être mobilisable sous une échéance maximummale d'1 an.
20 millions à 0,5% sur 1 an, cela fait 100 000 € de plus value (soit 0,33% des profits avant impôt, donc peanuts)
Imaginons que l'actionnaire soit prêt à ce que sa boîte joue avec son argent.... problème dans l'immense majorité des cas, il y a bien plus qu'un seul actionnaire personne physique, donc il faudrait en fait imaginer que la majorité des actionnaires soient d'accord avec une gestion "dynamique" et risquée. Là on est vraiment dans un cas TRES hypothétique...
Mais soit... disons que cela puisse exister et qu'alors l'objectif serait d'atteindre 5% annuel, soit 1 million (donc 3,33% du résultat avant impot) mais qu'en échange il faille accepter un risque estimé à 15% sur le capital investi, soit 3 millions (donc 10% du résultat avant impôt).
Donc en fait il s'agit d'un deal où tu as +800K de revenus (par rapport au scénario sans risque) pour un risque de 3 millions, voire plus, car tu crains que les managers, emportés par leur enthousiasme entrepreneurial et la perspective de bonus, ne t'aient pas dévoilé tous les risques sur TON argent...
C'est là où dans une assemblée d'actionnaires, tu peux être quasiment sûr à 100%, qu'il y en a plusieurs qui vont intervenir pour bloquer ce type d'émancipations...
Il y a également une autre raison à cela, c'est que dans une boîte performante sur son cœur de métier, le retour sur capital peut être de 15% ou plus... donc déjà avec 5% de retour sur quelque chose qui n'est pas le cœur de métier, le manager peut aller se rhabiller. Il n'a rien compris et aurait mieux fait de proposer une utilisation opérationnelle du cash avec retour >= 15%.
Donc retour à l'hypothèse de placement, il faudrait dégager au moins 20% par an sur du placement financier pour que cela devienne + attractif aux yeux des actionnaires. Sauf que... qui est capable de sortir 20% de façon à peu près sûre sur 20 millions (pas sur 500 Euros ou 500 000 Euros). Là les rangs s'éclaircissent sérieusement... et ce n'est pas avec un chasseur de tête qui va faire appel à un inconnu que tu vas te lancer dans l'aventure (tes actionnaires te décapiteront après t'avoir éviscéré et écartelé dès qu'ils sauront que tu as conçu un tel plan).
Et comme bon nombre d'entre nous tu crains l'éviscération et bien, tu vas voir la
société générale, la BNP, HSBC, CIC, BP et confrères pour une bonne solution des familles et consensuelle à 0,5% avec option dynamique et risquée pour 1 % et les plus téméraires pour 5% sur une fraction de leur capital.
Jamais il ne te viendra à l'idée de président de ton honorable institution d'aller chercher un trader supposé talentueux qui va jouer avec le précieux de tes actionnaire et... avec tes propres viscères.
En revanche dépenser quelques milliers d'euros dans des lettres d'infos économico-stratégiques etc sera un investissement tout à fait acceptable et normatif pour soigner l'image de ton DAF. Après tout, il faut bien qu'il sache communiquer avec les experts des banques et en interne.
Mais c'est une autre histoire, à classer au on management.
Des traders de trésorerie en entreprise, c'est sur des
volumes bien plus importants et donc extrêmement rare ou alors à l'opposé parfois chez les patrons de TPE qui le feront eux même. C'est évidemment plus fréquent lorsqu'il s'agit de trader les matières premières stratégiques pour l'entreprise, là on est dans le cœur de métier.