Avant de débuter cette réflexion à propos de l'Education Nationale belge, que je conserve en moi depuis un bon bout de temps mais qui vient réellement de se confirmer aujourd'hui, j'aimerais poser le décor. En effet, mon but n'est nullement de rejeter la faute sur les professeurs et autres membres du corps enseignant mais plutôt de constater un problème dans l'organisation de l'Education Nationale. Etant élève en première dans le secondaire, j'aimerais vous exposer mon opinion à propos de ce sujet. Enfin, je tiens à préciser que je parle de l'enseignement secondaire belge et que mes constations ne s'appliquent donc pas à d'autres pays, même si la situation est peut-être similaire.
Nous connaissons tous le drame qui s'est produit hier ainsi que les répercussions que cet événement a engendré dans le monde entier. Il s'agit à mes yeux d'un crime contre les libertés de presse et d'expression, des droits difficilement acquis au fil du temps. Je m'attendais évidemment à ce que nos professeurs nous parlent de cet événement d'une extrême gravité et tentent de nous sensibiliser. Je ne vis pas dans une banlieue et l'école que je côtoie est loin de ressembler à celles des quartiers chauds, dans les grandes villes. J'estime que nous sommes ouverts aux débats d'idées et prêts à parler de sujets sensibles tels que ceux-là, qui ne pourraient peut-être pas être abordés avec la même facilité dans un quartier plus défavorisé.
Hélas, il n'en Futures rien. Aucun de nos professeurs n'a fait la moindre allusion au drame d'hier. Je dois dire qu'en rentrant chez moi ce soir, je ne savais plus quoi penser. Evidemment, la journée de cours n'allait pas être annulée pour débattre uniquement de cet attentat mais je trouve qu'après un événement tel que celui que nous avons vécu hier, il aurait été normal d'en toucher un mot à l'école. Cela ne fait pas parie du programme, certes, mais j'estime qu'il est primordial de débattre un minimum de l'actualité et du monde qui nous entoure dans l'enseignement secondaire. Aujourd'hui, j'ai vraiment eu l'impression que nous flottions sur un nuage, à l'abri de tout, fidèles à ce fameux programme.
Un autre exemple, peut-être encore plus flagrant, est celui de mon option économique. En effet, il y a régulièrement des news économiques importantes qui paraissent, des changements qui s'opèrent, des chiffres clés qui sont publiés. Mais jamais, je n'ai entendu ma prof d'économie nous parler d'une actualité économique, alors que c'est notre option et que nous sommes sensés être un minimum au courant de ce qu'il passe dans le monde à ce sujet. A chaque fois, c'est moi qui annonce les nouvelles économiques importantes en classe, dont ma prof n'a pas connaissance la plupart du temps. Encore une fois, je ne la vise pas elle en tant que professeur mais plutôt l'Education Nationale, qui ne lui accorde à mon avis pas assez de temps pour traiter de l'actualité. Je ne demande pas à ce que l'on parle des emplois créés dans le secteur agricole français pendant le mois de décembre mais plutôt des informations telles que les taux directeurs par exemple (qui nous concernent tous) ou encore le taux de chômage, et mener une petite réflexion afin de dégager brièvement les causes et conséquences de ces chiffres. Consacrer peut-être une demi-heure par semaine à cette activité.
Bref, je suis un petit peu perdu. J'ai l'impression que nous sommes en train de perdre le fil tout doucement, que le monde avance sans nous. C'est également pour cette raison que je me suis inscrit sur Andlil et que je participe aux discussions qui y sont menées. Certes, cela reste Internet avec ses avantages et ses inconvénients et les débats d'idées sont parfois plus difficiles à mener sur un forum que dans la "vie réelle". Mais je sens que j'ai besoin de cela, d'acquérir une autre vision du monde que celle que l'on nous propose à l'école ainsi qu'une certaine ouverture d'esprit. J'ai l'impression que l'enseignement est en retard d'une guerre, que tout est lent. J'aimerais tellement suivre les cours de l'option sociale et scientifique en plus des miens, histoire de connaître autre chose, d'autres domaines... Mais je suis déjà complet en nombre d'heures, j'ai pris toutes les options que me permettait mon horaire et pourtant, j'ai l'impression d'apprendre au ralenti...
J'aimerais donc dénoncer dans ce post le manque de dynamisme de l'enseignement secondaire public belge ainsi que son manque de rattachement au monde actuel. J'estime qu'une minorité d'heures de cours devraient être orientées sur le traitement de l'actualité ainsi que sur la mise en place d'une réflexion à propos du monde dans lequel on évolue quotidiennement. Je pense sincèrement que cela pourrait nous aider à acquérir une autre ouverture d'esprit et un autre regard sur nos sociétés contemporaines. En attendant, je tente de me former comme je peux par mes propres moyens...
Bonne journée à tous,
Samuel.