La crise Grecque, quelques réflexions sur la crise de confiance

On en reprend pour 40 ans ? - 17 4 2012 - 16 commentaires
ProRealTime

Quelques petites réflexions que je me fais sur la crise grecque depuis quelques mois :

1) Cette crise n'est pas une crise de la dette, mais une crise du crédit, une crise de confiance. La Grèce a trouvé des fonds pour se financer durant des dizaines d'années, la situation ne s'est pas dégradée soudainement en 24h. Ce qui a changé, c'est la confiance, beaucoup d'investisseurs n'ont plus confiance dans le fait que la Grèce puisse rembourser ses dettes. Si un jour ce doute touche la capacité des USA à rembourser leur dette abyssale, la crise de 1929 sera une douce stagflation. Images d'apocalypse...

2) La confiance est la clef de voute de notre système financier, notre société de consommation a besoin pour survivre d'une circulation monétaire rapide (le trading le permet, mais c'est un autre débat) qui permet de créer des investissements, de la croissance.

Si je veux lancer ma société, acheter une maison, une voiture... il vaut mieux que la Banque me prête de l'argent en 72h qu'au bout de 3 mois.

On est dans le système keynésien, les liquidités massives permettent l'investissement, l'investissement la croissance, la croissance l'emploi, l'emploi la consommation, la consommation l'investissement, l'investissement.... Le fameux cercle vertueux keynésien. La dette crée les emplois de demain.

3) Nos dirigeants européens n'ont pas réagi assez vite sur l'affaire grecque, je me rappelle qu'en septembre 2011 DSk, invité du journal de TF1, avait dit qu'il fallait avoir le courage de trancher dans le vif, "de prendre ses pertes (fait il de la bourse ?)" et accepter ainsi une perte de 50% de la dette grecque pour stopper l'hémorragie (la crise de confiance).

Tout le monde lui a hurlé dessus, 6 mois après, 6 mois de perdu, les créanciers renoncent à plus de 50% sur le dette grecque. On aurait surement pu régler le problème à cette époque, on a trainé, on a montré que l'Europe était faible et le doute par contagion touche ensuite l'Italie, l'Espagne...

4) On aurait pu, comme pour les particuliers surendettés, pratiquer l'étalement des dettes par le rachat de crédit. La Grèce aurait eu de nouveaux créanciers, les pays européens, la dette aurait été étalée sur 30 40 50 ans rendant la situation socialement tenable, les anciens créanciers auraient été rassurés (ce qui aurait diminué les taux d'intérêts), on préfère être payé en rallongeant les échéances plutôt que de ne pas être remboursé du tout. Les pays européens auraient aussi profité du risque en rachetant la dette grecque moins cher avec un discount (si la Grèce me doit 100 millions d'euros, je revend ma créance 90 millions d'euros, j'ai fait une mauvaise affaire mais au moins je n'ai pas tout perdu).

5) On pouvait le faire simplement avec des emprunts d’État européens par exemple, l'Allemagne a refusé car cela revenait à solidariser les dettes européennes. Cela aurait pu être une étape importante dans l'Union Européenne, quand on veut vivre ensemble, si on s'estime européen, c'est comme pour le mariage, on ne divorce pas au premier problème.

6) On est pas sorti de l'auberge... Actuellement la BCE a prêté 1000 milliards aux banques européennes à 1% (pour pratiquer la relance keynésienne). Les banques n'ont plus confiance en elles, le marché interbancaire est asséché, les conditions pour les entreprises et particuliers pour emprunter sont plus dures (avec des conséquences à venir sur l'immobilier qui va chuter). Qu'ont elles fait de ces 1000 milliards d'euros ? Elles les ont remis en très grande parti à la BCE moyennant une rémunération de 3% !!!

7) On a basculé du côté d'Hayek, seule une croissance saine peut se faire avec des comptes équilibrés, c'est la rigueur dont on nous parle. On est en crise depuis 1974 (les 30 Piteuses, maintenant 40, succédant aux 30 Glorieuses). On aurait pu espérer selon les cycles de Kondratieff  connaitre une nouvelle période d'expansion. C'est mal parti, né en 1974, j'aurai connu la crise et ensuite  la rigueur toute ma vie. Pas de chance je suis tombé sur un cycle long...

8 ) Je veux être une banque : qui peut me prêter 100 million d'euros à 1% pour que je lui redonne son argent et qu'il me verse 3% d'intérêt ?

Auteur de l'article :

Benoist Rousseau est diplômé de l'université Paris-Sorbonne en histoire économique contemporaine et de la Certification Professionnelle des Acteurs des Marchés Financiers de l'AMF. Il a été professeur d'histoire pendant 12 ans avant de devenir trader en compte propre. Ancien Conseiller en Investissements Financiers, il est aussi écrivain. Son ouvrage "Devenez Trader Pro" est numéro 1 des ventes dans la catégorie bourse depuis de nombreux mois. Intervenant régulier sur TV Finance et divers médias, il est suivi par plus de 150.000 personnes sur les réseaux sociaux.

16 Commentaires pour La crise Grecque, quelques réflexions sur la crise de confiance

  1. franki dit :

    oh toi ! tu a décidé d'écrire un petit article pour t'occuper pendant la monté du Dax 😉

  2. Benoist Rousseau dit :

    Oui j'arrive pas à trader ce matin 🙁

  3. DB dit :

    Beaucoup d'erreurs dans ce post. Contrairement à ce que tu écris, c'est une VRAIE crise de la dette.
    "Cette crise n’est pas une crise de la dette, mais une crise du crédit" : mal formulé ou volontaire?
    "La Grèce a trouvé des fonds pour se financer durant des dizaines d’années, la situation ne s’est pas dégradée soudainement en 24h."
    Si, elle s'est dégradée en 24h suite à la révélation de manipulations des chiffres de la dette grecque avec l'aide de GS. La réalité des finances publiques à achevé la confiance envers le papier grec. C'est aussi simple que ça.
    "On aurait pu, comme pour les particuliers surendettés, pratiquer l’étalement des dettes par le rachat de crédit"
    On pourrait croire que c'est une bonne idée de rééchelonner la dette. Ca aurait été une bien meilleure idée pour la crise des subprime plutot que de saisir les maisons a tout va mais il en est autrement pour la dette souveraine.
    Pour pouvoir rééchelonner une dette il faut avant tout que les finances soient saines, un déficit publique inexistant, voire très faible. Pourquoi? Tout simplement car s'il n'y a pas suffisament de rentrées d'argent, cela signifie que dans les années qui viennent, la dette va continuer à croitre et donc de plus en plus de difficultés pour rembourser la dette. On ne réechelonne pas si la confiance dans la reprise économique n'est pas là.

    "Les banques n’ont plus confiance en elles, le marché interbancaire est asséché, les conditions pour les entreprises et particuliers pour emprunter sont plus dures (avec des conséquences à venir sur l’immobilier qui va chuter)."
    D'avantage lié à Bale III qu'à la crise de la dette.

  4. Benoist Rousseau dit :

    Je ne permettrai jamais de dire à quelqu'un que son article contient des erreurs, mais que j'ai des différences d'interprétation ^^

    pour faire vite :

    1) Oui c'est volontaire, c'est une référence au débat qui a opposé Hayek et Keynes, l'un parlait de crise de la dette, l'autre de la crise du crédit

    2) révélation : non je ne pense pas, le fmi, même la bce avaient mis en garde contre le risque grec dès 2007 et 2008. rien de neuf, on était au courant, pas le grand public. C'est classique, voir le film le sucre qui montre ce système. Cela a permis de doubler les profts dans les 2 sens.
    3) rééchelonner la dette : c'est ce que l'on a fait pour pas mal de pays du sud et latino américain sans soucis (je pense au Mexique qui n'a jamais eu des finances saines). C'est le débat Hayek Keynes encore.
    4) non je ne pense pas, les 1000 milliards de décembre n'ont pas servi à respecter Bale III, les banques européennes étaient déjà presque toutes dans les clous, cela n'est pas une crise de la dette mais de confiance entre banque, syndrome Lehman B

    Voilà mes différences d'interprétation 😉 mais crise de la dette ou du crédit, c'est la même chose au final, il y a deux remèdes, mais je pense que les deux (Hayek ou Keynes) n'auront pas de résultats, le système est trop ouvert. Donc on choisit récession ou hyper inflation ? lol

  5. zephyr dit :

    Merci pour cette piqure de rappel.

    C'est toujours un plaisir de te lire.

    C'est une bonne chose que tu te sois remis à la publication 🙂

  6. DB dit :

    Désolé, c'est plus de la maladresse que de l'animosité envers toi, au contraire. 🙂

  7. jojo dit :

    ça y est j'arrête j'en ai marre de la bourse ça me saoule grave j'ai l'impression de ne jamais pouvoir y arriver un jour, encore une putain de journée de merde

  8. Benoist Rousseau dit :

    DB > Ne t'en fait pas, je ne pense même pas avoir plus raison que toi, l'économie m'a appris une chose : la double interprétation est valable, Hayek et Keynes ont raison simultanément... Ce qui me dérange c'est ce côté "on découvre" alors que l'on sait... On va découvrir qu'il y a une bulle de l'immobilier... En fait on pousse le système au bout, jusqu'à la dernière goutte à tirer (voir le film Le Sucre, j'insiste mais pour les marchés dérivés, il n'y a pa smieux 😉 )

  9. jc-tergal dit :

    un p'tit sou, un dernier p'tit sou 🙂

  10. Benoist Rousseau dit :

    Oui c'est ça 🙂

  11. seballi dit :

    Le système est à revoir , on ne peut pas continuer comme ça.

  12. Benoist Rousseau dit :

    J'ai connu aussi... j'ai même arrêter de trader durant 2 ans de suite après avoir perdu 50k en une année... Courage...

  13. Anne-Marie dit :

    Effectivement cette économie on ne peut plus virtuelle, basée sur le crédit et la confiance de remboursement est très glissante. On a eu plusieurs alertes il faudrait sécuriser tout cela au plus vite.

  14. kaboré gilbert dit :

    la crise est tout à fait un phénomène normal

  15. Benoist Rousseau dit :

    Nous sommes bien d'accord, c'est l'état normal, naturel de l'économie

  16. kaboré gilbert dit :

    en économie on ne doit pas rejeter définitivement une théorie mais on doit la reformuler et la faire adapter à notre époque

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