Au risque de passer pour un raseur, aux yeux des participants à ce forum, je voudrais encore ajouter ceci, à mon précédent message.
Euro ou pas euro (qui est ici la monnaie), l’Union Européenne, actuellement, ne fonctionne pas, à mon avis, pour la raison suivante : l’Allemagne, première de la classe, a adopté un modèle de croissance que des pays comme la France, l’Italie, la Grèce ou le Portugal ne peuvent pas appliquer, au motif que leur économie est structurellement assez différente, par rapport à celle de l’Allemagne.
En clair, l’Allemagne est le pays qui, avec la Hollande, la Finlande, le Luxembourg et l’Autriche (tous étant, mis à part l’Allemagne, des petits pays) compte énormément sur ses exportations, pour se soutenir.
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Ayant, dès le début de son adhésion à l’euro, misé sur les exportations, l’Allemagne a appliqué, dès 2003 sous la présidence du Chancelier Schröder, des lois Hartz destinées à réduire le coût des chômeurs (et donc du chômage) payé par les contribuables allemands (et notamment par les travailleurs actifs - i.e. ceux engagés par les entreprises).
Au-delà, les autorités allemandes ont décidé de réduire les coûts salariaux et sociaux (dont celui du chômage) afin de permettre aux entreprises allemandes de conserver, voire même de gagner des parts de marché, à l’exportation.
Sauf que l’Allemagne a gagné ces parts-là, à l’intérieur même de l’Europe, par rapport à des pays comme la Grèce, la France, l’Italie ou le Portugal.
Or, voyant cela, les Allemands ont dit aux autres nations : si vous voulez conserver vos entreprises, et donc des emplois en leur sein, sur votre territoire, faites comme nous : diminuez les salaires et les charges de vos entreprises, en exigeant d’elles une meilleure productivité, et diminuez aussi le poids de l’État (puisque celui-ci représente un coût, pour les entreprises et les ménages - étant précisé que les impôts destinés à financer les dépenses de l’État, proviennent, ou bien des impôts, ou bien des emprunts - ces derniers devant être payés, plus tard, avec intérêt, par des impôts également).
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Bref, l’Allemagne, en appliquant la rigueur chez elle, durant les années de crise, afin de limiter son propre déficit budgétaire, a empêché toute croissance, au sein des autres pays, puisque ceux-ci, pour survivre dans un pareil environnement, ont dû réduire la voilure.
Et c’est à ce niveau-là que l’Europe ne fonctionne pas. Puisqu’un pays comme la France (qui est l’autre pilier, historiquement parlant, de la Construction Européenne, avec l’Allemagne), a toujours appliqué, en période de crise, une politique de type keynésien.
A partir de là, c’est vrai, on peut, si l’on est un libéral, voire même un adepte de von Mises, de von
Hayek, de Jean Baptiste Say, ou de Bastiat, en économie, dire que les keynésiens ont « Fichu en l’air le système », et notamment durant ces fameuses Trente Glorieuses que certains regardent, aujourd’hui même, à la fois comme une hérésie et une exception, dans le développement des différents pays du monde.
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Mais là également, il s’agit d’éviter de faire des amalgames, entre, d’une part le fait qu’un pays doit veiller à choyer ses entreprises (ce que font, par exemple, l’Allemagne, la Suisse et d’autres, avec elles) grâce à un modèle fondé sur le libéralisme en économie ; et, d’autre part, le fait que des pays comme l’Allemagne ou la Norvège, qui ne font pas partie de l’Union Européenne, se portent tout aussi bien, voire même mieux, sur le plan économique et social, que ceux qui en font partie.
Ce n’est donc pas - à la lumière de ces exemples - l’adhésion à l’euro, ou la non adhésion à l’euro, qui est, ici, le critère déterminant.
La seule différence, est que la Suisse et la Norvège n’ont pas à se préoccuper de subventionner des pays comme la Grèce, ou l’Italie ou l’Espagne, ou de quelque autre membre de l’UE, puisqu’elles n’en font point partie.
De plus, ces pays-là ont leur propre monnaie, ce qui leur laisse plus de latitude, sur la
Politique monétaire à adopter, par rapport à des pays tels que la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie. Puisque chez ces derniers circule un euro dont la quantité, en circulation, dépend de la
BCE et de ses succursales que sont, dans chaque pays membre de l’UE, les banques centrales.
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L’Islande, elle, a fait le choix de claquer la porte à l’euro et de punir les banquiers ayant perdu des milliards de dollars dans l’affaire des
subprimes américains.
Or ces banquiers-là, dans les autres pays d’Europe, n’ont jamais été punis pour leur politique aventureuse (car liée, en l’espèce, à la
spéculation).
Au lieu de cela, les plus grosses banques ont reçu, au nom du risque systémique, le soutien de l’État.
Mais cela signifie aussi que les gouvernements des différents Etats européens ont plus soutenu leurs banques, dès la fin de l’année 2008 et le début de l’année 2009, que la conjoncture.
Car l’argent qui a renfloué les grosses banques en difficulté, en creusant le déficit des Etats, a obligé ces derniers à serrer la vis sur les autres dépenses de toutes sortes (et notamment sur les dépenses sociales).
S’ajoute, à cela, le fait que les caisses de pension ont-elles aussi perdu de l’argent dans les
subprimes américains, en quoi elles furent obligées d’abaisser les rentes versées aux bénéficiaires, et d’élever, concomitamment, les primes versées par les cotisants.
Or tout cela a fait que les taux de croissance des économies, dans les différents pays d’Europe, furent très faibles, voire nuls ou négatifs, durant la période 2009-2013/2014.
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Une autre chose, qui n’a pas arrangé la croissance économique, au sein des pays membres de l’UE, Futures que Bruxelles et la Commission européenne ont, sous la présidence de Cardoso, très mal défendu l’économie européenne, durant la période susmentionnée, face à ses concurrentes américaine et asiatique.
En clair, les gouvernements des USA et des différents pays d’Asie (Corée, Japon, Chine etc.) ont mieux su défendre le marché intérieur de leur propre pays (que ce soit par des
Subventions aux entreprises nationales, ou que ce soit par des droits prohibitifs - droits de douane, taxes, quotas, etc. - sur les produits venus d’ailleurs), que l’Europe n’a su le faire, vis-à-vis de la concurrence faite à ses propres productions, par les produits venus des autres continents.
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Et puisque j’ai ouvert le présent message avec la Grèce, je le refermerai avec elle, en ajoutant ce dernier point :
D’après le contenu du site http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-ce-que-prevoyait-tsipras-en-cas-de-grexit-495908.html, M. Tsipras, en cas de Grexit, avait prévu de nationaliser certaines entreprises, et de punir la corruption des entreprises allemandes (sans doute pour se venger de M. Schaüble, le ministre allemand des finances, qui n’a jamais caché son désir de voir la Grèce quitter l’euro, sinon définitivement, du moins pour une durée minimale de 5 ans).
Ceci dit, les gens l’ignorent peut-être, mais quantité d’entreprises étrangères, depuis l’adhésion de la Grèce, à l’euro, en 2001 (grâce, notamment, à la
GOLDMAN SACHS), ont payé des pots-de-vin aux politiciens grecs pour pouvoir s’installer en Grèce afin d’y faire de bonnes affaires.
Or cela, M. Schaüble se garde bien de le crier sur les toits.