La théorie des perspectives ou le choix orienté
Qu'est-ce que la théorie des perspectives ?
De nos jours, la pensée économique dominante se fonde sur le fait que les décisions sont prises de manière rationnelle. L'être humain est un agent économique qui va agir rationnellement en fonction des informations mises à sa disposition pour effectuer son choix. La théorie sur le choix rationnel de Gary Becker en est un bon exemple.
Cependant, si l'être humain ne faisait que des choix rationnels, il ne fumerait pas, il ne se droguerait pas... il ne mettrait pas sa santé ou sa vie en danger pour rien. L'être humain prend souvent des décisions qui n'ont pas de rationalité, il est en un être de pulsions avant tout. Nous pouvons le voir chaque jour en bourse par exemple, certains vont sombrer car ils refusent de prendre leur perte, leur ego ne leur fait pas reconnaitre leur décision comme mauvaise, ils ne peuvent l'accepter dans leur structure mentale. Ils vont donc résister au principe de réalité.
Au début des années 1980, deux économistes Daniel Kahneman et Amos Tversky ont mis en avant la théorie des perspectives. Ils défendent le point de vue selon lequel, les gens prennent des décisions en fonction de la manière dont leur est présenté un choix à faire et pas uniquement en fonction des critères de résultats potentiels et de probabilité qui sont rationnels. Tout dépend en fait du cadre lors de la prise de décision de chacun, de la présentation qui peut être faite d'une situation.
Le cadrage est un procédé subjectif voulant qu'un individu préfère miser sur un choix plutôt que sur un autre. L'individu sera plus réceptif à une présentation plutôt qu'à une autre si elle lui "parle", si cela fait écho à sa personnalité, à ses idées... Cette théorie des perspectives a été mal perçue car elle sous entend que nous sommes avant tout des êtres influençables.
Vidéo sur la théorie des perspectives
Démonstration de la théorie des perspectives
Prenons, un exemple simple. Un projet d'investissement possède 1 chance sur 10 de perte totale du capital investi et 9 chances sur 10 de rapporter 50 000 euros dans l'année.
On vous propose soit :
- Investissez dans mon projet avec lequel vous avez 10% de chances de perdre votre capital investi.
- Investissez dans mon projet avec lequel vous avez 90% de chances de gagner 50 000 euros.
Il y a beaucoup plus de chances que vous acceptiez si on vous présente le projet avec la deuxième formulation plutôt qu'avec la première. Pourtant, cela revient strictement au même. Le vocabulaire utilisé, la formulation, la présentation sont importants dans le choix qui est tout sauf rationnel de ce fait.
Cela prouve que la façon dont un choix est présenté influe sur la prise de décision. La théorie des perspectives a bien entendu une grande place dans le marketing, les discours politiques... Tout est une question de présentation, d'emballage pour influencer votre choix. C'est pour cela que l'homme ayant travaillé sur soi connait mieux ses failles. En les connaissant, il devient plus libre, plus maitre de ses décisions car il peut se méfier d'un choix qui lui paraitrait à priori rationnel. Celui ci étant en fait peut-être influencé par ses propres failles narcissiques.
Les limites de théorie des perspectives
La théorie des perspectives se base essentiellement sur le rendement possible, les probabilités d'obtenir ce rendement et la présentation de la situation comme sources de décision. La théorie de l'utilité escomptée complète la théorie des perspectives en lui ajoutant les notions de satisfaction et de peur. Deux sensations très humaines, rarement rationnelles, mais qui influent sur nos décisions.
Citation sur la théorie des perspectives
« Les gens attribuent une bien plus grande probabilité à la véracité de leurs opinions que cela n'est justifié. C'est l'une des raisons qui les amènent à miser autant sur le marché financier, souvent avec de mauvais résultats. » Daniel Kahneman
Pour aller plus loin sur la théorie des perspectives
Voir l'article sur la théorie de l'utilité escomptée
Guide des grandes théories économiques
Retrouvez plus de définitions dans notre rubrique Lexique économique
Lexique économique : A - B - C - D - E - F - G - H - I - J - K - L - M - N - O - P - Q - R - S - T - U - V - W - X - Y - Z
Auteur de l'article :Benoist Rousseau est diplômé de l'université Paris-Sorbonne en histoire économique contemporaine et de la Certification Professionnelle des Acteurs des Marchés Financiers de l'AMF. Il a été professeur d'histoire pendant 12 ans avant de devenir trader en compte propre. Ancien Conseiller en Investissements Financiers, il est aussi écrivain. Son ouvrage "Devenez Trader Pro" est numéro 1 des ventes dans la catégorie bourse depuis de nombreux mois. Intervenant régulier sur TV Finance et divers médias, il est suivi par plus de 150.000 personnes sur les réseaux sociaux.
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5 Commentaires pour La théorie des perspectives ou le choix orienté
Simple, clair et à la fois complexe. La marque des grands pédagogues. Merci
.
Merci Benoist pour la transmission de connaissance.
Merci Benoist,article et vidéo très intéressante, cela me rappel une étude de certains psychologues ...
Ces derniers ont étudié la réaction des intervenants face aux probabilités.
Un pari hypothétique leur a été présenté concernant les chances de gagner ou de perdre.
Si ces personnes pouvaient accroître leurs gains au risque de perdre ce qu'ils avaient déjà gagné, la majorité des personnes interrogées ne voulaient pas parier, même si les probabilités leur étaient favorable!
À l'inverse, lorsqu'il leur a été présenté qu'ils étaient perdants mais qu'ils avaient une chance infime de regagner cette somme, la majorité des personnes souhaitaient jouer, alors que les probabilités ne leur sont pas favorable!
Malheureusement, cette méthode n'est pas indiquée pour être positive en spéculation.
Cette étude démontre une condition psychologique appelée : l'aversion aux pertes.
En effet, cela démontre que nous sommes programmés à couper nos bénéfices trop rapidement et à laisser courir nos pertes, cela va à l'encontre de deux grandes règles de spéculation.
En règle générale, nos instincts primaires ( si précieux dans la vie de tout les jours) ne nous prédisposent pas à la spéculation.
Même si nous en sommes conscient, il est difficile d'aller à l'encontre de nos instincts et pourtant indispensable pour que la route soit longue dans le trading 🙂
le choix orienté !
c'est cadrer la réponse!
Tout est une question de présentation, d'emballage pour influencer votre choix.
d'ou sortir du cadre pour gagner en objectivité sans influence ...
l'aversion au risque !
histoire de rendre la probabilité forte de gain face à une perte ...
merci Benoist pour cette vidéo très intéressante !